Les librairies, TMS et autres joujous forts utiles
Bon... c'est encore un autre sujet : tu as un serveur de lecture et un projecteur - tu es heureux et peut faire une projection numérique. Et pourtant, dans la plupart des cas, tu n'es pas encore tiré d'affaire... ou plutôt : range pas ton portefeuille trop vite... En effet, il va te falloir gérer des contenus et KDMs que tu ne peux manipuler avec les doigts comme avant, et en plus, il va te falloir les stocker bien en sécurité car tu ne pourras plus te permettre de les réparer à coup (talentueux) de cutter et de scotch...
Les librairies
Et bien oui : Comme tu en fais beaucoup de projections numériques, d'oeuvres différentes, il serait bon que tu ais un endroit pour stocker toutes ces copies numériques qui vont vite s'accumuler - et que tu ne voudrais pas jeter : ce serait trop bête, car comme elle ne s'abiment pas à la projection, tu es maintenant capable de les projeter quand tu veux, toujours avec la même qualité de projection (pour peu que tu ais un KDM valide s'il s'agit d'une copie chiffrée bien sûr).
Par ailleurs, la copie numérique ne souffre d'être abimée, ne serait-ce que d'un seul octet. Et impossible de la "réparer" si tu venais à l'endommager (un fichier corrompu... c'est vite arrivé si on ne fait pas gaffe à ce qu'on fait) : il te faudrait repasser par la case labo... fini le temps du scotch et du cutter :(
Et bien, une "librairie", c'est ni plus ni moins qu'un serveur informatique qui te permet de stocker et ranger tes copies numériques. Selon les constructeurs et modèles, elles sont frustres et peu pratiques, ou confortables et dôtées de fonctions complémentaires pour te simplifier (ou pas...) la vie.
Elles sont souvent associées avec le logiciel de TMS - nom nouveau pour désigner une supervision cabine ... numérique. A tel point que certaines librairies sont indissociables du logiciel de TMS utilisé (exemple : librairie Doremi). D'autres sont ouvertes et te permettent d'utiliser le logiciel de TMS de ton choix (exemple : librairie SmartJog ou librairie Ymagis).
Les librairies les plus communes, en Europe, en fin 2009, sont :
- la librairie SmartJog : vendue par l'éditeur SmartJog, sa capacité varie de 8 à 12 Tera Octets (selon le nombre de billets que tu poses sur la table), soit de 40 à 60 copies numériques de longs métrages, en moyenne. Elle délivre deux fonctions : stockage de films (une librairie classique donc) mais également la capacité de recevoir du contenu "par le réseau" (le réseau SmartJog). Son interface utilisateur est... très technique cependant, et ne plaira probablement pas à tous les opérateurs. Par ailleurs, elle ne fait que Librairie, et il est nécessaire de disposer d'une autre machine pour disposer du TMS. Elle fonctionne sous Linux.
- la librairie Doremi (dit "TLMS") : associée au TMS Doremi (voir la section TMS), sa capacité varie de 10 à 20 Tera octets, soit 50 à 100 copies numériques de longs métrages, en moyenne. Elle s'utilise d'une façon tout aussi simple que le serveur de lecture Doremi DCP-2000 (certains apprécieront, d'autres moins). C'est probablement la librairie la plus répandue sur la planète, tout comme les serveurs de lecture Doremi DCP-2000 d'ailleurs. Combinant TMS et Librairie, c'est un ensemble homogène qui ne nécessite pas d'acheter d'autres produits pour opérer son cinéma. Elle fonctionne sous Linux (tout comme les DCP-2000).
- la librairie Ymagis : OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié), c'est la librairie conçue par la société Ymagis. D'une capacité variant de 6 à 168 Tera Octets (pour les Serie-II, vendues en 2010), soit de 30 à 840 copies numériques de longs métrage, en moyenne (si, tu as bien lu ...), elle regroupe en un seul système de nombreuses fonctions : stockage de contenu (une librairie classique donc), capacité de réception de contenus par le réseau (le réseau Ymaginet), un ou plusieurs TMS, et de nombreuses autres fonctions pour aider l'opérateur dans ses tâches de tout les jours. Comme la librairie Doremi, elle est autonome car combine en un tout homogène, toutes les fonctions utiles à l'opération de votre cinéma. Elle fonctionne sous Linux.
TCS (Theater Central Server) Ymagis
Il en existe encore d'autres : XDC, Dolby, Unique... mais il faut dire qu'en France, mis à part la Dolby (et encore), il n'y en a peut-être pas/plus.
Choisir la "bonne librairie" est surtout histoire de goût, d'habitudes, et de porte-feuille. Tout comme les TMS (voir plus loin), il est grandement recommandé de s'en faire une idée "sur pièce" (c'est à dire en l'utilisant et ne se contentant pas d'une plaquette marketing, d'un beau discours commercial ou d'une rapide démonstration de salon...) avant d'y engager de ses petites économies... En effet, une fois que vous l'avez, c'est probablement pour de longues années, et vous l'utiliserez tous les jours : cela vaut donc le coup d'y regarder à deux fois avant de signer un chèque !
Là aussi, poser la question autour de vous, et aller voir comment ça marche dans une cabine amie qui disposer de l'une ou l'autre de ces librairies :)
Les TMS
Bon, avant, on parlait de "supervision 35"... mais c'était pas assez fun et bigarré... Du coup, en DCI, on parle de TMS - Theater Management Software (ou "Logiciel de Gestion de Cinéma", tout simplement).
Derrière cet acronyme barbarque se cache... rien d'autre qu'une supervision ... numérique. A quoi cela sert ? A rien de plus que gérer un ensemble de cabines numériques, avec les automations qui vont avec et les transferts de fichiers (copies numériques) et clefs de chiffrement associées (KDM). Ca te sert aussi bien sûr à faire ta programmation, pour rendre automatique tous les démarrages de séances... Bref, tout ce qu'une supervision 35 faisait, mais en prennant en compte les petites spécificités du cinéma numérique (les KDM par exemple...).
Enfin, normalement ça devrait au moins servir à cela, car à en écouter certains, le TMS doit aussi savoir moudre le café, chauffer les pop-corns, vendre les billets, afficher pleins de trucs sur les écrans du hall et la pub holographique dans les chiottes... mais ceci est une autre histoire : celle des prochaines années. Pour l'instant, un TMS, ça doit surtout savoir faire le boulot d'une bonne supervision - et comme vous allez le voir, c'est déjà pas gagné !
Au fait, comme on est à l'ère du numérique, cette supervision est bien sûr, avant tout, un logiciel, et on parle alors d'éditeurs - de logiciels.
Certains éditeurs te vendent le logiciel que tu peux installer sur un ordinateur de ton choix (tant qu'il respecte les spécifications demandées par l'éditeur du logiciel) : c'est cool, non ? Les exemples sont nombreux : TMS Dvidea ou TMS de l'installateur Ciné Digital Service. D'autres t'imposent un matériel - exemple : TMS de l'installateur ADDE ou d'Ymagis. D'autres enfin font les deux - supra cool : TMS Doremi, TMS Cinedigm, TMS d'AAM...
Quand aux fonctions assurées par les TMS existants, c'est... aussi variable que la taille de tour de poitrine de l'espèce humaine... Et pour ce qui est de la stabilité (le fait que ça marche sans planter par-ci, par-là), c'est assez variable aussi (mais le temps aidant, ça vise à s'améliorer, heureusement).
Bref, c'est un peu la foire où tu as vraiment intérêt à te faire un avis par toi même avant de te faire fourger le dernier Logiciel Miracle (TM) qui va répondre à tout Tes Besoins (TM)... Le mieux : poser des questions autour de toi, sur le forum projectionniste.net, aller voir comment ça se passe chez les copains, voire, essayer des version d'évaluation d'un ou deux logiciels, avant de te lancer dans l'achat fatidique. Bref, tenter de tester en condition réelle avant d'acheter.
TMS Dvidea
Démonstration en vidéo du TMS Dvidea
Les boitiers d'automation
Ces trucs là, forcément, ça devrait causer un peu plus, car ça existe déjà en 35mm.
Ce sont des petits appareils qui permettent de commander, via des contacteurs électriques le plus souvent, différents éléments d'environnement : éteindre les lumières, basculer les canaux d'une chaine son (ambiance/film/...), etc...
La seule chose qui peut les distinguer maintenant qu'on passe au numérique, c'est qu'on veut pouvoir piloter ces automations depuis un serveur informatique (le serveur de lecture, ou un TMS directement)... et là, deux modèles peuvent s'affronter :
* les boitiers purement électriques - vieille conception
* les boitiers accessibles en réseau (informatique) - genre les JNIOR (voir plus bas).
Bon, autant dire tous de suite que le boitiers d'automation, il en existe presque autant - voir plus - que d'installateurs, car souvent chaque installateur a la manie bizarre de construire le sien propre que personne d'autre ne connait...
Un modèle sympa et ouvert est celui des boitiers JNIOR :
http://www.integpg.com/jnior/ethernet_io.aspx
Ils se pilotent par le réseau informatique forcément nécessaire pour une installation numérique, ce qui permet à un TMS de piloter une cabine numérique (normal quoi) comme une cabine 35mm (cool !). Ils sont librement accessible à tous, les docs disponibles... bref, le petit bonheur du technicien amoureux de son art... Certains constructeurs de serveurs (Doremi par exemple) les recommandent même, car parfaitement testés et éprouvés sur le marché (originellement, ces boitiers servent sur des chaines de production voiture ou pharma... donc, c'est plutôt du truc robuste...).